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Evangile
Dimanche des Rameaux
Quand du repas pascal fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « Jai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusquà ce quelle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous. Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusquà ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de lhomme sen va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux lhomme qui le livre ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel dentre eux allait faire cela. Ils en arrivèrent à se quereller : lequel dentre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand dentre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? Nest-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus dIsraël. Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais jai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourdhui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Mais non. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de largent, quil en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui na pas dépée, quil vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que saccomplisse en moi ce texte de lÉcriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, comme dhabitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. » Puis il sécarta à la distance dun jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Dans langoisse, Jésus priait avec plus dinsistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusquà terre.
Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples quil trouva endormis à force de tristesse. Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, lun des Douze, marchait à leur tête. Il sapprocha de Jésus pour lembrasser.
Jésus lui dit : « Judas, cest par un baiser que tu livres le Fils de lhomme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec lépée ? » Lun deux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha loreille droite.
Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant loreille de lhomme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus larrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, jétais avec vous dans le Temple, et vous ne mavez pas arrêté. Mais cest maintenant votre heure, cest la domination des ténèbres. »
Ils se saisirent de Jésus pour lemmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin. Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils sétaient tous assis là. Pierre était parmi eux. Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. » Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je nen suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait : « Cest sûr : celui-là était avec lui, et dailleurs il est Galiléen. » Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à linstant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourdhui, tu mauras renié trois fois. » Il sortit et pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient. Ils lui avaient voilé le visage, et ils linterrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui ta frappé ? » Et ils lançaient contre lui beaucoup dautres insultes.
Lorsquil fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils lemmenèrent devant leur grand conseil. Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. »
Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si jinterroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de lhomme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? »
Il leur répondit : « Cest vous qui dites que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous lavons entendu de sa bouche. »
Ils se levèrent tous ensemble et lemmenèrent chez Pilate. Ils se mirent alors à laccuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer limpôt à lempereur, et se dit le Roi Messie. »
Pilate linterrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « Cest toi qui le dis. »
Pilate sadressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusquici. » A ces mots, Pilate demanda si lhomme était Galiléen. Apprenant quil relevait de lautorité dHérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
À la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce quil entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et laccusaient avec violence. Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit dun manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors quauparavant ils étaient ennemis.
Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple. Il leur dit : « Vous mavez amené cet homme en laccusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, jai moi-même instruit laffaire devant vous, et, parmi les faits dont vous laccusez, je nai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. Dailleurs, Hérode non plus, puisquil nous la renvoyé. En somme, cet homme na rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. » Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je nai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. » Mais eux insistaient à grands cris, réclamant quil soit crucifié ; et leurs cris samplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande. Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui quils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Pendant quils lemmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour quil la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où lon dira : Heureuses les femmes stériles, celles qui nont pas enfanté, celles qui nont pas allaité ! Alors on dira aux montagnes : Tombez sur nous, et aux collines : Cachez-nous. Car si lon traite ainsi larbre vert, que deviendra larbre sec ? »
On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsquon fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, lun à droite et lautre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce quils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé dautres : quil se sauve lui-même, sil est le Messie de Dieu, lÉlu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui. Sapprochant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
Lun des malfaiteurs suspendus à la croix linjuriait : « Nes-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais lautre lui fit de vifs reproches : « Tu nas donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, cest juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il na rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourdhui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il était déjà presque midi ; lobscurité se fit dans tout le pays jusquà trois heures, car le soleil sétait caché. Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
À la vue de ce qui sétait passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, cétait un juste. »
Et tous les gens qui sétaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, sen retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.
Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; cétait un homme bon et juste. Il navait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était dArimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, lenveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore navait été déposé. Cétait le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles sen retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Traduction en français du Chanoine Crampon, édition numérique par Jesusmarie.com
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